Les mystérieuses pages blanches

LES MYSTÉRIEUSES PAGES BLANCHES
Oui c’est vrai que les livres ont de grandes pages blanches, au début et à la fin. Ce sont de vastes draps de lin qui flottent au vent de notre imagination. Sur ces feuilles vierges qui inaugurent notre lecture, nous percevons déjà le grand plongeon dans le pouvoir magique des mots. Et quand nous avons fini de lire le livre, nous atterrissons sur ces rectangles. Une transition s’opère : il faut quitter le nuage où notre esprit a voyagé. Alors il fait escale sur le radeau nuptial : il est consommé le mariage de l’esprit et du papier ! D’un bond l’on peut faire claquer la couverture !
J’aime les mystérieuse pages blanches qui commencent et finissent les livres. Elles font naître l’espoir d’y voir un jour insérer mes délires. Elles stimulent ma verve, ces belles dames baptismales. Elles purifient et bénissent aussi, par l’intermédiaire des mains qui les font religieusement tourner.
Je craindrais de rédiger un jour ma dédicace sur l’une de ces majestueuses préfaces. Elles sont si secrètes que j’aimerais alors, au lieu de les souiller, arracher leurs attaches et jeter ces magiciennes.
Quel grand artifice ! Les lecteurs se demanderaient ce qui a pu être écrit qui méritait d’être occulté ! Ils ne sauraient que c’est seulement par crainte et par respect que l’écrivaine, maligne, a préféré supprimer l’étrange fantôme préliminaire. Ce serait une amusante signature : « Ce livre est bien d’elle, car, voyez, elle a arraché les pages blanches ! »
27 septembre 1984, Marie-Céline CHOTTIN.













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Par Marie-Céline le 03.12.12

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