A propos d'un cheveu
« A PROPOS d’UN CHEVEU » 14 juin 1984
Un cheveu long. Il a cinq ans. Déjà il se fait vieux. Il s’en faudrait de peu qu’il ne se fourche au bout. Ce cheveu est la vie. C’est ma vie, qui se prolonge dans ce fil souple, soyeux, brillant. Un cheveu qui transmet mes états d’âme. S’il est terne, plat, c’est que je me sens lasse. S’il est rebelle, facétieux, c’est que je suis électrique. Ce cheveu représente mon caractère. Parce que je sais arrondir les angles mes cheveux bouclent. Parce que j’aime la quiétude et la tendresse, ils sont doux. Tout mon portrait moral peut être fait à partir de ma chevelure. Elle est abondante et je déborde vers les autres. Elle est gonflante et je plane aussi haut que cette tignasse aérienne. Elle est floue et parfois je ne suis guère explicite. Elle est irraisonnée, le peigne s’y accroche, ainsi je suis : sauvage, qui ne veut pas des sentiers tout tracés. Mes cheveux sont une vague déferlante. Souvent mon langage est tel.
Un cheveu long sur ma tête est l’emblème de ma persévérance. Le cheveu long est synonyme de patience, de calcul et de philosophie. Des cheveux longs qui ondulent sur un dos sont des signes de vie éternelle :
Les cheveux en ruisseaux scintillants sont toujours plus vieux que nous-mêmes, puisque nous les portons longs parfois pendant des années ; nous portons là les restes de notre jeunesse perdue. Il parait qu’ils continuent de pousser après la mort. Un cheveu long de passé et d’avenir est un lien entre la vie terrestre et la vie dans l’au-delà. Marie-Céline CHOTTIN .
