le mode d'emploi

« Mais qu’est ce que c’est que ce truc ? »



Je ronchonnai comme à l’accoutumée, tout en secouant dans tous les sens le paquet saucissonné par une ridicule ficelle dorée.



Le papier cadeau arborait des petits pères Noël à l’air pas très futé, de véritables ravis de la crèche, du genre qui ont fumé le foin des rennes si vous voyez ce que je veux dire…



Ce n’est pas que les fêtes de fin d’année ne soient pas mon godet de coca mais autant de colimaçons au beurre persillé et de bûche aux gnons – euh, aux marrons – ça finit par me faire monter le vomito jusqu’à la glotte.



Alors un cadeau imprévu – a present comme disent les rosbifs – et même pire, une surprise, ça m’a franchement désarçonné.



J’ai arraché le décorum à la con et j’ai tout jeté au sol.



J’ai exhumé une boîte écrite en japonais avec des illustrations qui laissaient présagées du pire : encore un gadget inutile.



Si je chope le gommeux qui a envoyé cette horreur, ça va sentir grave le sapin !



J’ai jeté un œil torve sur le mode d’emploi en 10 langues.

En français, ça donnait « appuves sur start et tirlipinpon sur le chihuahua… ».



Il y a de la poésie dans les traductions des notices, je vous jure que ça en tirerait des larmes à Maître Capello et à Patrick Topaloff réunis…



Vu que j’ai senti que j’allais entraver que dalle à cette prose, j’ai extirpé la chose aux forceps de sa gangue de carton et de plastique thermoformé.



Ça ne ressemblait à rien.

Et quand je dis rien, c’est vraiment rien. Que d’chique, nada, woualou.



J’ai quand même repris le mode d’emploi, il fallait peut-être le lire une ligne sur deux pour en tirer un truc intelligible ? Comme lorsque Chopin envoyait des textes cochons à la Sand ?



Sous le schéma explicatif d’enfournement des piles LR06, ça indiquait qu’il fallait retourner le bête truc qui ne fait même pas meuh, appuyer sur deux gros boutons dorés et reposer la chose sur une surface plane.



Alors, j’lai fait.



Ça a fait « Zip » en roulant puis ça a tourné sur lui-même en émettant un « Bap » sonore. Il y avait un drôle de « Brrrrrrrrrrr » qui lui venait de la soute, ça en vibrait de partout.



Pi’, l’horreur japonaise est partie comme une flèche sous le lit et j’ai plongé à sa suite.



C’est dans cette position que ma frangine m’a surpris.



Elle a piqué un phare, une cocotte Seb à côté, ça doit émettre moins de vapeur et elle s’est mise à vociférer des trucs sur un ton d’hystéro, comme quoi, je n’avais pas le droit d’ouvrir ses cadeaux et encore moins de déconner avec ses « sesque-toïlleus ».



Pour le coup, c’est moi qui ai viré couleur bonnet de Cousteau.



Saleté de trucs japonais… moi qui pensait avoir dégotté le fulguro-poing …




(Pour les courageux, amusez-vous à retrouver les références d’époques révolues semées dans ce texte…)












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Par sandy le 18.11.12

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