Passage
Que me voulez-vous ?
Pourquoi me dévisagez-vous ?
Je ne suis pas le monstre de vos contes de fées.
J’essaie seulement d’être moi-même. Etre cet homme au bout du chemin, qui, par un mystérieux hasard, ou simplement par nostalgie d’une vie trop courte, se retourne sur l’enfant qu’il a été.
Au bout de cette route épineuse qui fut parsemée de rêves brisés, de tâches inaccomplies, mais aussi d’espoirs infondés auxquels seuls les fous se rattachent.
Peut-être en suis-je un ?
Ou peut-être ne suis-je qu’un enfant qui n’a jamais voulu grandir, et dont les yeux innocents scrutent le ciel afin de retrouver, parmi les nuages noirs de l’avenir, le sourire d’une mère, la voix d’un père, ou la chaleur d’un berceau.
Cependant, rien n’échappe aux aiguilles meurtrières du temps.
Et alors seuls une mémoire ébréchée, quelques photographies lointaines, et le souvenir d’un bonheur périmé subsistent.
Et l’on se retrouve seul, face à la page blanche, avec comme seule compagnie la plume, et comme seule certitude celle d’un trace, d’une marque, qui prouverait notre existence sur cette terre.
C’est pour cela que j’arrête la course effrénée de la vie, afin de jeter sur ce papier, ce que fut mon passage sur terre.