Comme une nef au ventre lourd
Comme une nef au ventre lourd,
Sillonnant, s'épuisant dans sa folle entreprise,
Contre la vague qui, dans un grondement sourd,
Voit son bel élan qui se brise
Comme sur un cheval de frise,
Suintant sous son joug, fut le boeuf au labour.
Mais les ans ont passé. La terre cicatrise,
Qui n'entend plus son souffle court.
Partout l'herbe a poussé. La race est disparue
Qui tirait dans son champ cahoteux la charrue,
Comme un vaisseau sur le brisant.
Mille chevaux de fer ont désoeuvré la bête
Et galéré le paysan
Sur la mer du progrès où souffle la tempête.