La fille d'Orléans
« La fille d'Orléans »
par Marie-Céline CHOTTIN
C’était l’meilleur de tous les amants
Mais il préférait la fille d'Orléans
Je n'avais pas tout à fait 30 ans
J'étais seule : au moindre vent
Il partait aux confins du levant
Voyageant seul comme un pénitent
Laissant ses femmes tristes, l'attendant !
Il était ainsi, qui aimait-il vraiment ?
Un jour, j'ai eu, au bout de sept ans
Une grande envie de changement
Comme par hasard, au même moment
Le dentiste m'a arraché une dent !
J’ai dit « Fini ! » à mon amant
Fini, la suivante à qui tu tends
Les restes du festin d'avant !
Va courir les continents
La liberté je ne te rends :
Tu l'as gardée entièrement.
Je ne veux pas ma vie durant
T’imaginer à moi seulement
Tu papillonnes ce n'est pas élégant
Et moi si bonne j’ai supporté sept ans
Sans gémir ce fonctionnement.
Tu n'as pas voulu faire un enfant
A présent se sont écoulés 30 ans
Je ne sais pas si tu es mort ou vivant.
Et si je pense encore au coup de vent
C’est parce que j'ai froid, cher amant
Toi qui disais si souvent
Au retour de tes voyages en Orient
« J'ai eu froid le soir en dormant »
T’étais l’ meilleur de mes amants
Mais j'ai vécu après ce temps
Avec un homme plutôt charmant,
J’ai su enfin ce que l'on ressent
Quand un mari parle tendrement
Que pourrais-tu faire maintenant ?
Tu es trop vieux certainement
Et moi j'ai l’âge d’une grand-maman
Je ne pense pas que ce chant
Te touchera si tu l'entends
Tu es sûrement sourd à présent
Pourrait-il en être autrement ?
Puisque déjà dans le temps
Tu te moquais tout le temps
De mon amour si caressant
Fidélité de chaque instant
T’étais l’ meilleur de mes amants
Tu préférais la fille d'Orléans
Et moi en t’attendant
J'écrivais des poèmes brûlants.
15 octobre 2014
Pour « Les Bancs de la Liberté » 15 janvier 2015