GRIS-BLEU
GRIS-BLEU
Partir.
Partir sans se retourner.
Sans se retourner,
Pour ne pas savoir les regrets.
Partir.
Partir et laisser derrière
Les rires
Et le gris-bleu des souvenirs.
Prendre le vent.
Prendre le vent du large
Et sur l'océan qui mène à la tempête
Dans le petit matin gris-bleu
Hisser les voiles de la défaite.
Se laisser bercer.
Bercer par des vagues de larmes
Dans une irrésistible marée de silence.
Se laisser porter.
Transporter,
Vers l'éblouissante lumière
Qui brûle les regards innocents.
Dériver.
Dériver vers les îles sages de la tristesse
Là, où l'horizon communie avec l'espérance.
Se perdre.
Se perdre à l'aurore de la souffrance
Et lorsque le coeur fait naufrage
Aborder la sérénité au terme du voyage.
Alors,
Glisser.
Glisser infiniment lentement.
Fermer les yeux.
Et dans le petit matin gris-bleu
Sans se retourner
Sans regarder
Ni les larmes
Ni les regrets
Partir.
Partir entre gris et bleu.
Anne-Marie Dutilh
Extrait du recueil l’armure des maux
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